Retour sur le discours de la Sorbonne « Notre Europe peut mourir » et Macron l’aide un peu
En préambule on aurait pu dire qu’il n’y a pas que l’Europe qui peut mourir, l’auditoire aussi. Car il a dû supporter un discours long, très long, un discours à mourir d’ennui.
Il y eu d’abord les sempiternelles envolées lyriques : « L’Europe puissance », « l’Europe qui maîtrise ses frontières », « l’Europe des investissements dans les technologies », « l’Europe de l’industrie de la Défense ».
Ces éléments de langage étaient aussi saupoudrés de quelques futures coquilles vides : « académie militaire européenne », « Conseil Schengen » ou « Pass Culture européen ».
Somme toute, ce programme n’était pas très différent du premier discours de la Sorbonne du président Macron en 2017.
Fatalement donc, cette intervention se prêtait à dresser un bilan de son action européenne.
Et ce bilan n’est pas fameux, malgré une présidence française de l’UE qui n’aura accouché au final que de peu d’avancées.
Sur la protection des frontières externes de l’Europe, il n’y aura pas eu d’avancée notable.
Le pacte Asile et Immigration récemment adopté n’a rien du texte révolutionnaire qui créerait enfin un véritable corps de gardes-côtes et de gardes-frontières.
Le seul effet prévisible de ce texte sera la répartition de milliers d’illégaux au sein des États membre pour tenter de masquer l’invasion migratoire. Quelle avancée !
S’agissant d’un budget européen, il y a bien eu le succès du plan de relance de 750 milliards d’euros, suite à la crise du COVID.
Cette nouvelle possibilité de mutualiser un emprunt européen pourrait permettre de financer de nouveaux projets indispensables à l’avenir de l’Europe (intelligence artificielle, transition énergétique…).
Mais il ne faut pas se réjouir trop vite. Les Allemands ne seront sans doute pas très enthousiastes de se porter encore et toujours garants d’une France surendettée et en déficit chronique. Cette gestion catastrophique des finances publiques est largement imputable à Macron et Le Maire.
Enfin, un saut décisif vers une véritable défense européenne est une bonne idée. Encore faudrait-il avancer pratiquement vers une industrie de Défense. Ce qui n’est pas le cas.
D’autre part il est indispensable pour progresser sur le sujet que notre leader national ne prenne pas à rebrousse poil les dirigeants européens majoritairement favorables à l’OTAN et peu enclins aux initiatives parallèles sur les questions de Défense.
Finalement, est-ce-que les fédéralistes devaient en attendre davantage du chef de l’État ?
Non. Car Macron n’est pas vraiment un homme politique européen.
En cause son style politique. Si le registre du monarque républicain peut malheureusement donner toute sa mesure en France, il n’en est pas de même au sein de l’UE.
Les déclarations péremptoires, arrogantes et non concertées (négociations avec la Russie, intervention armée au sol en Ukraine…) ne sont jamais du goût des dirigeants de l’UE.
Car l’Europe et la majorité des institutions des États membres sont parlementaires et fonctionnent par la discussion, la négociation et le compromis.
Ce que manifestement Macron ne sait pas faire.