Il n’y a pas un, mais plusieurs projets européens
Une page politique s’est récemment tournée sur notre continent. Le vieux clivage qui opposait anti et pro européen n’existe plus. Aujourd’hui, tous les partis politiques sont plus ou moins adeptes de la construction européenne.
Cependant, il existe des différences notables entre les points de vue.
Il y ceux qui veulent une Europe fédérale réunissant les Etats fondateurs, ceux qui veulent la même chose mais élargie vers l’Est, ceux qui se satisfont de l’organisation actuelle et enfin les tenants du minimum, c’est-à-dire l’euro et une simple coopération entre Etats qui se concrétiserait par des projets communs.
Les Européens sont majoritairement européistes
Ces nouveaux clivages trouvent leur logique politique dans le fait qu’aujourd’hui une majorité d’Européens pensent que seuls des « États-Unis d’Europe » seront capables de peser sur la scène internationale, de nous libérer de la domination américano-chinoise, de faire face à la mondialisation et de sauvegarder le modèle social européen.
Plus récemment, la crise migratoire de 2015 et la crise du Covid ont rendu plus urgente pour les citoyens, la construction d’une Europe politique. Enfin, les Européens de la zone euro sont très attachés à leur monnaie commune.
L’Europe n’est toujours pas démocratique
Malgré tout, comment ne pas nourrir un certain euroscepticisme ?
Les citoyens sont tenus à l’écart du débat européen, confisqué par les Gouvernements et la Commission européenne. La Cour de Justice de l’Union Européenne tranche, loin du débat démocratique, des questions sociétales très importantes qui sont du ressort de chaque État membre. De son côté, le Parlement européen, seule institution représentant directement les citoyens n’a pas assez de pouvoir.
Le fonctionnement de l’Europe est encore trop complexe. Les Traités qui organisent la coopération entre les gouvernements des États de l’UE forment un système opaque, lourd, technocratique. Seuls les lobbies et les multinationales tirent avantage de cette situation au dépens de nous, les citoyens Européens.
L’Europe, une cause politique qui conteste la légitimité des Etats
Comme le souligne Ulrike Guérot(1) – universitaire allemande – l’intégration européenne n’est ni neutre ni pacifique. C’est une révolution populaire qui place le citoyen européen dans un mouvement de contestation de l’ordre étatique établi.
Le combat européen, est une façon de remettre en cause la gestion défaillante de l’Etat central traditionnel. L’Etat-Nation par sont incapacité fondamentale à transférer certains pouvoirs au niveau européen, est aujourd’hui impuissant à résorber les crises. Il échoue également à prendre les mesures adéquates qui calmeraient les peurs liées à la mondialisation : concurrence économique, délocalisations, migrations, perte d’identité.
Un nouveau citoyen pour une nouvelle Europe
Pour paraphraser Julien Benda dans sa « Lettre à la Nation européenne », l’Europe ne se réalisera ni avec des quotas, des directives ou des institutions. L’Europe se construira avec des impératifs intellectuels et moraux élevés, des exigences fortes de justice, de vérité, d’égalité et de liberté.
Un tel projet ne peut être porté que par des femmes et des hommes qui auront dépassé une vision nationale de la politique, des militants capables de définir et de se battre pour un intérêt général européen.
Affirmer son particularisme à la face du monde
Le projet européen porte en lui une singularité. Nous croyons en une culture européenne et en une civilisation européenne qu’il convient de défendre. Car notre existence même est de jour en jour menacée par de nombreux périls : vassalisation américaine, domination technologique chinoise, offensive islamiste, démographie africaine, bellicisme russe…
Le moment est venu de faire de l’Europe un véritable Etat et d’en redéfinir les contours autour d’un noyau fédéral. Sans une réaction salutaire, l’identité de l’Europe sera diluée, son histoire engloutie et nous ses citoyens nous sombrerons dans le néant.
(1) « Der neue Bürgerkrieg: Das offene Europa und seine Feinde » Taschenbuch – 2017