Il n’y a pas un, mais des projets européens
Une page s’est récemment tournée sur notre continent. Le vieux clivage qui opposait anti et pro européen n’existe plus. Aujourd’hui, tous les partis politiques sont plus ou moins européistes, même s’il existe de grandes différences de points de vue.
En effet, il n’y a rien de commun entre ceux qui veulent une Europe fédérale réunissant les Etats fondateurs, ceux qui veulent la même chose mais encore élargie vers l’Est, ceux qui se satisfont de l’organisation actuelle et enfin les tenants du minimum, c’est-à-dire l’euro et une coopération entre Etats, voire de simples projets communs.
Les Européens sont majoritairement européistes
Ces nouveaux clivages politiques trouvent leur logique dans le fait qu’aujourd’hui de nombreux Européens pensent que seuls des « États-Unis d’Europe » seront capables de peser sur la scène internationale, de nous libérer de la domination américano-chinoise, de faire face à la mondialisation et de sauvegarder le modèle social européen.
Plus récemment, la crise économique de 2008 et la crise migratoire actuelle a rendu plus urgente pour les citoyens, la construction d’une Europe politique. Enfin, les Européens de la zone euro sont très attachés à leur monnaie commune.
Une Europe qui n’est toujours pas démocratique
Malgré tout, comment ne pas nourrir un certain euroscepticisme ? Les citoyens sont tenus à l’écart du débat européen, confisqué par les Gouvernements et la Commission européenne. De son côté, le Parlement européen, seule institution représentant directement les citoyens n’a pas assez de pouvoir.
De plus, le fonctionnement de l’Europe est trop complexe. Les Traités qui organisent la coopération entre les gouvernements des États de l’UE forment un système opaque, lourd, technocratique. Seuls les lobbies et les multinationales tirent avantage de cette situation au dépend de nous, les citoyens Européens.
L’Europe, une cause politique qui conteste la légitimité des Etats
Comme le souligne Ulrike Guérot(1) – universitaire allemande – l’intégration européenne n’est ni neutre ni pacifique. C’est une révolution populaire qui place le citoyen européen dans un mouvement de contestation de l’ordre étatique établi.
Le combat européen, est une façon de remettre en cause la gestion défaillante de l’Etat central traditionnel. L’Etat-Nation par son incapacité fondamentale à transférer des pouvoirs au niveau européen, est aujourd’hui impuissant à résorber les crises, notamment celle financière de 2008 et migratoire actuelle. Il échoue également à prendre les mesures adéquates qui calmeraient les peurs liées à la mondialisation : concurrence économique, délocalisations, migrations, perte d’identité.
Un nouveau citoyen pour nouvelle Europe
Pour paraphraser Julien Benda dans sa « Lettre à la Nation européenne », l’Europe ne se réalisera ni avec des quotas, des directives ou des institutions. L’Europe se construira avec des impératifs intellectuels et moraux élevés. Des exigences fortes de justice, de vérité, d’égalité et de liberté.
De même qu’un tel projet ne peut être porté que par des femmes et des hommes qui auront dépassé une vision nationale de la politique, des militants capables de définir et de se battre pour un intérêt général européen.
Affirmer son particularisme à la face du monde
Le projet européen porte en lui une singularité. Nous croyons en un fonds culturel européen et en une civilisation européenne qu’il convient de défendre.
Le moment est venu de faire de l’Europe un véritable Etat et d’en redéfinir les contours autour d’un noyau fédéral. Sans réaction, l’Europe sera diluée et son histoire engloutie.
(1) « Der neue Bürgerkrieg: Das offene Europa und seine Feinde » Taschenbuch – 2017